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Élections fédérales 2025 : la politique énergétique dans les programmes électoraux

Début novembre 2024, la coalition entre les sociaux-démocrates, les Verts et les libéraux-démocrates a été rompue. De nouvelles élections sont prévues pour le 23 février. Les partis ont publié leurs programmes respectifs. Voici une sélection des positions des partis du Bundestag sortant en matière de politique énergétique.

 

SPD - Parti social-démocrate

Le Parti social-démocrate (Sozialdemokratische Partei Deutschlands, SPD) met l’accent sur les investissements et la justice sociale. Il propose de mettre en place un « fonds allemand » doté d’un capital de 100 milliards d’euros. Le parti veut mobiliser des capitaux publics et privés pour des investissements d’avenir, notamment dans les réseaux d’électricité, le réseau d’hydrogène et les bornes de recharge. Le SPD promeut également la construction de réseaux de chaleur neutres en carbone et appelle à une réduction des coûts de l’électricité. Il prévoit notamment de limiter et de stabiliser les tarifs d’utilisation du réseau (Netzentgelte) à 30 €/MWh. Le SPD souhaite introduire un bonus « made in Germany » pour les investissements d’avenir des entreprises en Allemagne, par exemple dans les technologies vertes. Le SPD s’engage à respecter la limite du réchauffement climatique à 1,5 degré, à réduire les émissions de CO2 du secteur industriel et à accélérer le développement des énergies renouvelables. Il prévoit aussi de limiter l’impact sur les ménages de l’introduction du système d’échange de quotas d’émissions (SEQE/ETS) pour le transport et le bâtiment à l’échelle de l’Union européenne à partir de 2027. Le programme met aussi l’accent sur l’électrification du secteur automobile et propose de créer des marchés pilotes pour l’acier vert afin de développer le marché de l’hydrogène. Le parti prône la mise en place de capacités de stockage suffisantes et de réserves d’hydrogène. Enfin,il s’engage à développer une stratégie coordonnée pour les matières premières au sein de l’Union européenne (voir le programme, en allemand).

 

CDU et CSU - Union chrétienne-démocrate et Union chrétienne sociale

L’Union chrétienne-démocrate (Christlich Demokratische Union, CDU) évoque dans un programme commun avec l’Union chrétienne-sociale (Christlich-Soziale Union, CSU), son partenaire actif dans le Land de Bavière, un développement ciblé des énergies renouvelables avec la volonté de conserver l’objectif de neutralité climatique en 2045. La CDU/CSU vise à assurer la sécurité d’approvisionnement de l’Allemagne via la mise en œuvre de la stratégie pour les centrales électriques (Kraftwerksstrategie) et en créant un marché de capacités technologiquement neutre. La CDU/CSU veut respecter l’objectif de sortie du charbon, fixé à 2038 par la loi, mais estime que l’arrêt définitif des centrales ne doit pas se faire tant que de nouvelles centrales à gaz et des installations de cogénération ne sont pas construites pour les remplacer. Le programme porte une attention particulière à l’extension intégrée et transfrontalière des réseaux et à la combinaison des énergies renouvelables, des réseaux et du stockage grâce à la mobilisation de capitaux privés. Selon le document, les tarifs d’utilisation du réseau (Netzentgelte) doivent être redéfinis et les zones de prix (Stromgebotszone) maintenues. La CDU/CSU refuse la mise en place d’une charge supplémentaire sur les tarifs d’utilisation du réseau pour les gros consommateurs industriels. Le programme mentionne l’énergie nucléaire comme jouant un rôle important dans l’atteinte des objectifs climatiques et pour la sécurité d’approvisionnement. La CDU/CSU souhaite développer la recherche sur le nucléaire de 4e et 5e génération, les petits réacteurs modulaires et la fusion. Le programme mentionne également la réalisation d’un bilan technique pour déterminer si une reprise de l’exploitation des centrales existantes est possible. Pour l’instant, le parti n’envisage pas la construction de nouveaux réacteurs. Enfin, la CDU/CSU souhaite sécuriser la planification de l’hydrogène et développer l’infrastructure nécessaire (voir le programme, en allemand).

 

Die Grünen - Les Verts

Les Verts (Bündnis 90/Die Grünen) demandent une rénovation complète des infrastructures dans le but d’atteindre la neutralité climatique. Ils souhaitent introduire un « fonds allemand » (Deutschlandfonds) destiné à l’État fédéral, aux Länder et aux communes pour les financements d’avenir. Ce fonds doit, entre autres, permettre de prendre en charge les tarifs d’utilisation du réseau (Netzentgelte) pour les lignes électriques interrégionales. Ils proposent d’instaurer des programmes de soutien pour la rénovation énergétique des habitations et pour l’achat de véhicules électriques. Concernant l’industrie, les Verts souhaitent élargir le champ d’application des contrats pour la différence pour la protection du climat (Klimaschutzverträge, voir note de synthèse de l’OFATE). Le développement de marchés pilotes verts pour l’acier et le ciment à l’échelle européenne fait également partie des mesures proposées, de même que l’introduction de quotas d’acier vert dans les marchés publics. Le soutien aux infrastructures nécessaires au captage, au stockage et à l’utilisation du CO2 (CCS/CCU), hors zones marines protégées, est aussi mentionné. En matière de mobilité, les Verts soutiennent l’interdiction de la vente de véhicules thermiques à l’horizon 2035 et souhaitent favoriser le développement de l’électromobilité grâce à une accélération du déploiement des infrastructures de recharge et un retour des incitations à l’achat. Le thème du partage de l’énergie (energy sharing) fait également partie intégrante du programme. Enfin, concernant les réseaux électriques, les Verts proposent de développer les solutions de stockage et des signaux de prix décentralisés, mais aussi de miser davantage sur les potentiels de flexibilité dans l’industrie, le commerce et les transports. Par ailleurs, la sécurisation à long terme des investissements via les marchés de capacité doit s’accompagner de solutions à court terme pour favoriser une consommation efficace de l’électricité (voir le programme, en allemand).

 

FDP – parti libéral-démocrate

En accord avec les objectifs de l’UE, le parti libéral-démocrate (Freie Demokratische Partei, FDP) souhaite fixer la neutralité climatique à l’horizon 2050, soit cinq ans plus tard que l’objectif prévu par la loi allemande actuelle sur la protection du climat. Le FDP considère le système européen d’échange de quotas d’émission (SEQE/ETS) comme l’instrument principal de la politique climatique et veut introduire des recettes issues de ce système sous la forme d’un « dividende climatique » qui serait versé aux citoyens de manière forfaitaire par habitant. Ce « dividende climatique » vise à atténuer les coûts sociaux de la protection du climat. Selon le programme électoral, les technologies de captage, d’utilisation et de stockage du CO2 (CCUS) doivent être soutenues par des certificats ETS gratuits en cas d’utilisation de ces technologies. Le parti estime par ailleurs que la loi allemande sur la rénovation des bâtiments doit être complètement abandonnée. En matière de mobilité, le FDP s’oppose à une limitation de vitesse sur les autoroutes allemandes et à une interdiction des moteurs à combustion dans l’UE à partir de 2035. En outre, le FDP mise sur la neutralité technologique en matière de propulsion des véhicules. Selon le parti, les voitures électriques ne constitueraient pas le seul mode de mobilité individuelle à l’avenir, d’autres moyens de propulsion respectueux du climat pourraient avoir leur rôle à jouer. Outre le renforcement des transports publics de proximité, des offres flexibles, comme les taxis à la demande, doivent être créées. Les libéraux se montrent ouverts à l’utilisation de l’énergie nucléaire et de la fusion nucléaire, mais sans subventions publiques. Le FDP propose également d’autoriser l’extraction de gaz naturel en Allemagne par fracturation hydraulique, de faciliter la construction de centrales à gaz et de réduire les coûts de l’électricité. Ce dernier point doit notamment être réalisé par une réduction de la taxe sur l’électricité (voir le programme, en allemand).

 

AfD – Alternative pour l’Allemagne

Le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD) doute que l’homme soit à l’origine du changement climatique et estime que des mesures d’atténuation ne sont pas nécessaires. Selon le programme électoral, le réchauffement planétaire serait bon pour l’alimentation mondiale et les périodes chaudes seraient généralement synonymes d’épanouissement des cultures. Le parti veut se retirer de l’accord de Paris sur le climat et dénonce l’ensemble des engagements qui y sont liés. Selon le programme du parti, un retour à l’énergie nucléaire doit voir le jour, le lignite et le charbon doivent continuer à être exploités, les gazoducs Nord-Stream doivent être mis en service et le développement des installations éoliennes et photovoltaïques doit être interrompu. Selon l’AfD, la transition énergétique et la politique climatique menacent la prospérité et détournent l’attention de la lutte contre la pauvreté et la faim. Le parti s’oppose à la limitation de vitesse sur les autoroutes ainsi qu’aux nouvelles taxes et réglementations pour les voitures. Selon l’AfD, les transports en commun doivent être renforcés et le réseau ferroviaire étendu (voir le programme, en allemand).

 

Die Linke – La Gauche

Contrairement à la loi allemande sur la protection du climat, le parti Die Linke veut atteindre la neutralité climatique dès 2040 et exige pour cela des objectifs contraignants ainsi que des limites d’émissions. Il préconise une sortie du charbon dès 2030 et, a posteriori, la fin de l’utilisation du gaz naturel. Dans les domaines du transport et du chauffage, Die Linke prévoit des investissements publics et des programmes d’infrastructures pour faire avancer la transition énergétique. Le parti qualifie la loi sur la rénovation des bâtiments de socialement déséquilibrée et propose une aide pouvant atteindre 100 % des coûts de rénovation, échelonnée selon les revenus. Dans le programme électoral, la politique climatique actuelle, sous la forme d’une tarification du CO2, est critiquée comme étant injuste et l’objectif est de mettre en place une prime climatique de 320 euros par personne et par an. Cela devrait permettre de soulager surtout les ménages à faibles revenus. Le parti demande à ce que les prix de l’énergie soient socialement échelonnés, avec un tarif de base avantageux, et il prévoit de le financer par un supplément énergétique pour les revenus élevés pendant la crise énergétique. Dans l’ensemble, les mesures de protection du climat doivent être financées, selon le parti, par une fiscalité plus lourde et l’introduction d’un impôt sur la fortune. En matière de mobilité, Die Linke demande la réintroduction du ticket à neuf euros pour les transports en commun (en vigueur à l’été 2022) ainsi qu’une limitation de vitesse fixée à 120 km/h sur les autoroutes (voir le programme, en allemand).

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