Bilan d’ouverture du ministre fédéral de l’Économie et du climat
L’Allemagne n’a pas atteint ses objectifs climatiques en 2021 : en raison de la reprise économique et de la faible production d’énergie renouvelable, les émissions de GES ont augmenté de 4 % par rapport à 2020. Le nouveau ministre de l’Économie et de la Protection du climat Robert Habeck a montré dans son bilan d’ouverture, le 11 janvier, que les objectifs fixés pour 2022 et 2023 ne seront pas non plus atteints. Robert Habeck a précisé les objectifs et premières mesures que son ministère comptait mettre en œuvre pour inverser cette tendance. Visant la neutralité carbone d’ici 2045 et une baisse des émissions de GES de 65 % d’ici 2030, les émissions de GES doivent baisser annuellement de 36 à 41 millions de tonnes équivalent CO2 jusqu’en 2030 (au cours de la dernière décennie, la moyenne s’élevait à 15 millions de tonnes par an), amenant à diviser par deux les émissions dans les prochaines années puis par trois jusqu’en 2030 (40 millions à partir de 2025). Ce bilan d’ouverture permet le lancement d’un « programme d’urgence pour la protection du climat » (Klimaschutz-Sofortprogramm) comportant différentes réformes. Les lois, décrets et mesures nécessaires devront être achevés avant fin 2022 afin que les nouvelles réglementations puissent entrer en vigueur dès 2023. Parmi les premières mesures annoncées :
- L’objectif de 80 % d’énergies renouvelables dans le mix électrique à l’horizon 2030 inscrit dans la loi sur les énergies renouvelables (EEG) ;
- Le principe selon lequel le développement des EnR répond à un intérêt public majeur et à la sécurité publique inscrit dans la loi sur les énergies renouvelables (EEG) ;
- Lancement d’un plan de mesures pour un déploiement accéléré de l’énergie solaire. L’objectif de capacité installée d’ici 2030 est de 200 GW ;
- Définition d’une loi pour l’éolien terrestre afin d’accélérer le processus de développement et d’exploiter le potentiel de surface disponible. 2 % du territoire allemand devra être consacré à l’éolien terrestre ;
- À partir de 2023, suppression du prélèvement EEG (soutien public aux EnR électriques en Allemagne), mesure qui permettra de réduire la facture d’électricité des consommateurs (ce prélèvement s’élevait à 6,8 ct/kWh en 2020, 6,5 ct/kWh en 2021 et 3,7 ct/kWh en 2022 (étude sur le prélèvement EEG du BMWi, en allemand) ;
- Création des conditions juridiques et financières pour la mise à disposition de « contrats carbone pour la différence » (Carbon Contracts for Difference) en tant qu’instrument central de soutien à la transformation de l’industrie ;
- Révision de la stratégie nationale pour l’hydrogène et mise en place de programmes de soutien supplémentaires. Afin d’assurer le décollage du marché de l’hydrogène vert, l’objectif de développement des électrolyseurs d’ici 2030 est doublé par rapport à l’objectif actuel, pour atteindre 10 GW.
Le gouvernement fédéral a également évoqué ses plans en matière de chaleur et d’efficacité énergétique. D’ici 2030, 50 % de la production de chaleur devra être décarbonée. Le ministre a annoncé l’élaboration d’une nouvelle stratégie pour les bâtiments, afin d’atteindre l’objectif d’un parc immobilier climatiquement neutre d’ici 2045. En outre, la planification de la chaleur à l’échelle des communes doit être renforcée et accélérée, tout comme la décarbonation et l’extension des réseaux de chaleur. La loi sur l’énergie des bâtiments (Gebäudeenergiegesetz, GEG, en allemand) doit également être révisée prochainement. À compter de 2025, les nouveaux systèmes de chauffage devront fonctionner avec au moins 65 % d’énergies renouvelables. Enfin, le programme de soutien fédéral pour des bâtiments efficaces devra être adapté à ces nouveaux objectifs et mesures.